En plein culte, une attaque à la bombe a fait au moins 10 morts et 39 blessés en République Démocratique du Congo.
En République Démocratique du Congo, au Nord-Kivu, l’église pentecôtiste de Kasindi a été frappée dimanche, en plein culte, par un attentat à la bombe attribué par les autorités à un groupe armé affilié à l’Etat islamique. On déplore la mort d’au moins dix personnes. 39 autres ont été blessées. Le porte-parole de l’armée de RDC, Antony Mualushayi, dénonce un « acte terroriste ». Un suspect de nationalité kényane a été arrêté.
De son côté, le porte-parole de l’opération militaire ougandaise en RDC, Bilal Katamba, a évoqué 16 morts et 20 blessés.
« Les assaillants ont utilisé une bombe artisanale pour perpétrer l’attaque et nous soupçonnons les ADF (les Forces démocratiques alliées) d’être derrière cette attaque », a-t-il ajouté.
Dans un tweet, le ministère congolais de la Communication a également parlé d’un « attentat à la bombe perpétré visiblement par des terroristes ADF ».
« Le Gouvernement condamne vigoureusement l’attentat à la bombe perpétré visiblement par des terroristes ADF, ce dimanche 15/01/2023, contre des citoyens en plein culte dans la paroisse de la 8e Communauté des Églises Pentecôtistes du Congo dans la cité de Kasindi au Nord-Kivu. Il rassure que les services de sécurité ont pris le contrôle du lieu après l’explosion ayant causé pertes en vies humaines et dégâts matériels. Les blessés sont évacués dans des structures médicales. Les enquêtes sont en cours pour détecter l’origine de cet acte terroriste. »
L’Agence France Presse n’a pas été en mesure de confirmer de manière indépendante le nombre de morts.
Denis Mukwege s’est exprimé dans un communiqué de la Fondation Panzi, condamnant « fermement cette attaque qui ne peut en aucun cas passer comme un simple fait divers et doit entraîner une réaction forte de l’Etat pour que chacun puisse exercer sa foi dans la tranquillité ». Il envisage lui aussi la responsabilité des ADF.
« Le mode opératoire de cet attentat ignoble perpétré en ayant recours à un engin explosif improvisé laisse à penser qu’il s’agit d’une attaque des extrémistes des ADF affiliés à l’Etat islamique qui terrorisent les habitants du territoire de Beni depuis 2014. Selon l’ONU, au moins 370 civils ont été tués par les ADF dans la région depuis avril 2022. Nous ne pouvons continuer à accepter ces drames humains sans réagir. La Nation entière doit se lever pour exiger le retour de la sécurité dans les Provinces en conflit et mettre fin à la culture de l’impunité qui alimente la répétition des atrocités contre les populations civiles. »
Les ADF, rebelles musulmans d’origine ougandaise, sont actifs dans le nord du Nord-Kivu et au sud de l’Ituri, autre province congolaise. Ils figurent parmi les plus meurtriers des quelques 120 groupes armés présents dans l’est de la RDC. Denis Mukwege rappelle que « selon l’ONU, au moins 370 civils ont été tués par les ADF dans la région depuis avril 2022 ».
Ces groupes cherchent à contrôler des territoires pour des motifs ethniques et/ou pour en extraire les riches ressources du sol, souvent encouragés et financés par les pays voisins.
La présidence de la RDC a condamné l’attaque, tout comme la mission de maintien de la paix de l’ONU qui l’a qualifiée d' »attaque lâche et ignoble ». Sur Twitter, l’ambassade de France a dit être « horrifiée ».
Horrifiés par l’explosion qui a eu lieu dans une église pentecôtiste à #Kasindi au #NordKivu, et causé de nombreux morts et blessés. Nous présentons nos sincères condoléances aux familles des victimes.
— France en R.D.Congo 🇨🇵 🇪🇺 (@AmbaFranceRDC) January 15, 2023
Sur Twitter, les photos et vidéos relayées sont effroyables. Les témoignages rapportés par l’Agence France Presse le sont tout autant.
Un diacre de l’église évangélique de Kasindi, Esdras Kambale Mupanya, a raconté à l’AFP que les fidèles étaient réunis pour un baptême avant l’explosion de la bombe. « Plusieurs parmi nous sont morts sur place, d’autres ont eu les pieds coupés en deux », a témoigné cet homme de 42 ans.
Un autre survivant, Jean-Paul Syauswa, a expliqué que l’explosion s’est produite alors qu’un pasteur aveugle commentait des versets bibliques. « La bombe m’a projeté au moins 100 mètres plus loin », a-t-affirmé.
Kiza Kivua, un agriculteur de 50 ans qui a perdu son frère dans l’attentat, reproche au gouvernement de négliger ses citoyens. « Comment une telle situation peut-elle se produire alors qu’il y a plein de soldats à Kasindi », s’interroge-t-il.
Dimanche soir, le groupe Etat islamique a revendiqué l’attaque qui a fait selon lui « près de 20 » morts, selon le groupe de surveillance des réseaux islamistes Site.
M.C. (avec AFP)